LE JOUR DE GRANDIR

Texte : CHOU Jung Shih

Spectacle jeune public / 4 ans

Spectacle de Marionnettes/Théâtre d’Ombres/Musique en live. Durée 50 min / Jeune public / Création de Jung Shih Chou/ mise en scène Pei YuShih avec Fa Tsai, Min Chu Yu, Mei Hua HSUEH, Nai-Hsin Hsu -assistante manipulation et Jung Shih Chou/ musique Yu Jun Wang/ Ghislaine HERBERA, dessins et accessoires/Scénographie Ya Lin Wu/ lumière Kappa Tseng

A l’Alpilium, Av Du Marechal De Lattre De Tassigny, Saint Rémy de Provence

Le 17 novembre 2013 à 17 h (séance tout public)

Tarif 6 €/ Durée : 1h/ Réservation au 04 90 24 33 51

 

Copyright photos DIANE VANDERMOLINA      

Note d’intention pour Grandir – par Jung Shih Chou

Un jour ma fille m’a dit : « Je deviendrai comme toi lorsque je serai grande. » Je me suis demandée ce que signifiait Grandir. Qui peut présager de ce qu’il va devenir ? Pourquoi des créatures vivent-elles centenaires alors que d’autres ne vivent que l’espace d’un instant ? Pourquoi tout le monde n’a pas la même conscience du temps ? Comment le temps nous transforme-t-il, à l’intérieur, à l’extérieur ? Comment rencontre-t-on sa sexualité ? Comment vivre ce décalage entre ce qu’on espérait devenir et ce qu’on devient réellement ? Arrêtons-nous de grandir un jour ? L’histoire commence avec deux enfants qui attendent impatiemment que « le Jour de Grandir » arrive. Mais « le Jour de Grandir » n’arrive pas. Téméraires, ils entreprennent de traverser une forêt magique à sa recherche. Dans leur errance, ils croisent des personnages échappés des mythes grecs et chinois : des satyres, des centaures, des sirènes, des dragons, un dieu chinois dont le visage est celui d’une femme et le corps celui d’un serpent.

Extraits de Grandir

說書人  當我還是小女孩的時候,我有一個小男朋友。(小男孩出現),既然我這麼喜歡他,我就想要嫁給他。

Le narrateur : Il y a très long temps, quand j’étais encore une petite fille, j’avais un petit amoureux. (Le petit garçon apparaît) Comme je l’aimais beaucoup, je voulais me marier avec lui.

 小男孩:但是要等長大的那一天。

Le petit : mais il faut attendre le jour de grandir.

說書人:既然長大的那一天沒有馬上就來,我們就決定去找他。

Le narrateur : puisque le jour de grandir ne viens pas tout de suite, on a décidé d’aller le chercher.

 在路上 ( sur la route)

La fille:假裝這是我們第一次見面。哈囉。On fait comme si c’est la première fois qu’on se voie . Bonjour!

Le garçon :哈囉。Bonjour!

La fille:你覺得我漂亮嗎?Est-ce que je suis belle?

Le garçon :很漂亮。Très belle!!!

La fille:那我們結婚吧!Donc, on va se marier?

Le garçon :好啊!D’accord!

La fille:不是啦。沒有這麼快!要等長大的那一天。

Mais non, pas tout de suite! Il faut attendre le jour de grandir !

Le garçon :可是我們在玩。 Oui, mais on joue!

La fille: 哦!好吧!我們在玩。那我們結婚吧! D’accord, on joue. Donc, on va se marier ?

Le garçon :好啊!Oui, d’accord!

La fille: 不是啦!哪有這麼快!你要說:「讓我考慮一下。」

Mais non !!! Pas tout de suite ! Tu dois répondre : « laisse-moi réfléchir un peu »

Le garçon :考慮什麼?Réfléchir à quoi?

La fille: 像是:讓我看看你會不會唱歌。Comme… Sais-tu chanter ?

Éléments scénographiques de Grandir

Des images de dessin sont projetées par un rétroprojecteur sur un tissu en fond de scène. Les éléments de scénographie sont ici minimalistes ; en dehors de la présence d’une musicienne et de ses instruments sur scène, le spectateur découvrira des éléments de décors tels des petites branches ou des feuilles d’arbres. La création lumière tient une place importante dans cette création, jouant et interagissant avec les éléments de décors afin de faire apparaitre par exemple des ombres chinoises.

Note argumentaire

Que signifie Grandir de nos jours où tout est objet de consommation, et où l’enfant dès son plus jeune âge est déjà considéré comme un consommateur en herbe ? Il suffit de visionner les publicités s’adressant aux enfants pour s’en rendre compte. La profusion de ces publicités où les enfants sont présentés comme des adultes en miniature -niant leur statut d’enfant- tend à appauvrir l’imaginaire des enfants, suscitant chez eux l’envie de possession immédiate de ces objets. La création que nous proposons ici s’inscrit à contre courant de cette vision de l’enfant roi-consommateur et du monde actuel  tout est prêt à être consommé, dans lequel l’allégorie et la métaphore n’ont plus leur place. Pour cela, elle convoque des créatures mythiques d’Asie et d’Europe afin de proposer un autre regard sur le monde, questionner et ouvrir l’imaginaire du jeune public sur les différentes conceptions du monde. Il s’agit de revenir aux sources des cultures de chacun, via des personnages mythiques. Ces derniers sont universels et la thématique ici filée fait partie d’un questionnement existentiel qui, il nous semble, est primordial d’interroger à nouveaux frais aujourd’hui, d’autant plus que notre société se révèle être en quête de valeurs et d’un retour aux origines, à la simplicité et à la diversité.

Pour cette raison, nous avons choisi la marionnette, le jeu masqué et le théâtre d’ombre. Ce sont des pratiques asiatiques ancestrales en apparence simple -car requérant peu de matériaux- mais aux usages et techniques très divers : il existe de nombreux styles de marionnettes et différentes façons de les manipuler. Il en est de même pour le théâtre d’ombre : nous mêlons ici théâtre d’ombre traditionnel et techniques modernes comme la rétroprojection. Cette création, faisant usage de techniques modernes et anciennes, pluri et transdisciplinaire permet de faire découvrir et marier des arts venus d’orient et d’occident, confronter les pratiques artistiques et les imaginaires, les cultures. Les images projetées confèrent un aspect conté au récit et ouvrent sur un univers onirique, requérant de la part du spectateur une écoute visuelle et sonore particulière. Cette création s’accompagne de musique en live interprétée par une jeune artistique poly-instrumentiste. Nous avons aussi choisi de mêler textes en français et en chinois, les deux langues et cultures se répondant l’une à l’autre.

Note d’intention par rapport au spectateur

L’esthétique du projet global s’est imposée d’elle-même aux trois artistes. En effet, le choix du théâtre d’ombre permet de créer un monde fantastique à partir des jeux d’ombre et de lumière. L’usage de marionnettes offre une souplesse de jeu aux acteurs qui sont tantôt marionnettistes, tantôt protagonistes du récit. La manipulation de dessins via un rétroprojecteur laisse apparaitre différents espace-temps. S’en suit une création musicale où les rythmes et les sons sont créés à partir d’objets du quotidien, en interaction avec les jeunes spectateurs. L’interaction est un élément clé du rapport que nous souhaitons entretenir avec le jeune spectateur.

En effet, ce spectacle s’adresse au jeune public dans la mesure où tous les enfants souvent pressés de devenir grand : ils se demandent à un moment donné ce qu’ils deviendront quand ils seront adultes : feront-ils  comme leur parent ? Comment grandiront-ils ? Quelle sera leur personnalité ? Cette création n’a pas pour but de répondre à cette question mais de montrer aux enfants les différents chemins qu’ils peuvent emprunter dans leur vie et qu’il est important pour eux de prendre le temps de grandir, le tout dans un langage adapté aux enfants sans les infantiliser ni les prendre pour des adultes qu’ils ne sont pas encore.  Il s’agit d’un récit initiatique prenant racine dans la philosophie orientale où le temps est un élément important dans l’éducation des enfants.

Note pédagogique

Le questionnement sur la croissance renvoie au terme chinois 老  lao : ce dernier signifie vieux ; âgé mais aussi ancien ; démodé ou encore mur; dur ; toujours. Il désigne souvent une personne expérimentée ; réfléchie ; compétente et appelle au respect. Les grands sages ou philosophes anciens sont ainsi appelés Lao.

Parler de « 老 » (lao) en chinois évoque toujours une sensation en rapport au temps, le temps qui passe et nous entraîne sur un questionnement autour des différentes étapes de la vie, changements physiques et mentaux, découverte des émotions et de la force.  C’est un changement magique qui s’opère avec le temps : sans que nous nous en rendions bien compte, on est déjà changé.

La lecture de « The Power of Myth  »  de Joseph Campbell sur la mythologie grecque et la légende de JIANG Tai-Gong (1156-1017), le grand savant de la dynastie ZHOU qui pêchait  sans hameçon – voir photo jointe- ont inspiré cette création dans la mesure où notre récit emprunte à cette dernière certains personnages. Selon la légende, on voit JIANG Tai Gong chaque jour pêcher au bord de l’eau avec une canne au fil trop court, au bout duquel pend un hameçon rectiligne. Quand on lui demande ce qu’il espère prendre ainsi, il répond : « Un roi et ses vassaux. ». En effet, le futur roi Wen de Zhou, averti par un rêve, vient le rencontrer et le prend comme conseiller, puis ministre. Il a alors 83 ans. Selon une version tardive, Jiang Ziya prie le seigneur de Zhou de tirer sa voiture à bras. Intrigué, ce dernier s’exécute, s’arrêtant après huit cents pas. Jiang Ziya lui dit alors : « Vous serez roi, et votre dynastie durera huit cents ans. ». Le seigneur essaie alors de tirer la charrette un peu plus loin, mais il est à bout de forces. Grâce à ses talents de stratège, Jiang Tai Gong  aide les rois de Zhou à vaincre les Shang et à asseoir leur pouvoir. Sa légende, qui lui prête une longévité surnaturelle, le fait servir successivement les quatre premiers rois.

Mythes grecs sur le temps et la croissance

Les heures sont les régulatrices de la vie humaine. La mythologie grecque ne reconnut donc d’abord que trois Heures ou trois Saisons : le Printemps, l’Été et l’Hiver : Eunomie, Dicé et Eiréné, c’est-à-dire le Bon Ordre ou la Législation, la Justice et la Paix.

Les Parques (du latin parcae) sont, dans la religion romaine, les divinités maîtresses de la destinée humaine, de la naissance à la mort. Elles sont généralement représentées comme des fileuses mesurant la vie des hommes. C’est sous l’influence des Moires grecques Clotho, Lachésis et Atropos, qui président respectivement à la naissance, au déroulement de la vie puis à la mort, que les romains adopteront l’idée de trois Parques appelées Nona, Decima et Morta.

Joseph Campbell (26 mars 190430 octobre 1987) est un professeur, écrivain, orateur, anthropologue et mythologue américain. Ses théories et son livre ‘le héros aux milles et un visages’ inspirèrent de nombreux réalisateurs dont Lukas pour la guerre des étoiles.

Les partenaires du projet

Ce projet est coproduit par théâtre Massalia, le théâtre National des Taipei, la compagnie l’Est et l’Ouest et le Flying Group (Taiwan), soutenu par le Taipei City Department of Cultural Affair, l’Institut Français de Taipei, subventionné par la National Culture and Art Foundation (Taiwan) et la Quanta Art Foundation (Taiwan).

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